Développer une culture de la bientraitance et de prévention de la maltraitance
Chronique n°2 – Jeudi 10 Novembre 2022
Jean-Christophe Combe, Ministre des Solidarités, a lancé « des initiatives très prochainement, pour renforcer la lutte contre la maltraitance, en établissements comme à domicile » afin de développer une stratégie nationale de lutte contre les maltraitances.
Trois acteurs, l’Inspection Générale des Affaires Sociales (IGAS), le Haut Conseil de santé publique (HCSP) et la Conférence nationale de santé (CNS) vont mener ces chantiers techniques et scientifiques. Les premiers résultats de ces travaux sont attendus au premier semestre 2023.
Dès lors, et sans attendre les conclusions de ces travaux, je défends une nécessité absolue : Que les acteurs de terrain de l’accompagnement se mettent également en mouvement pour développer leur culture de la bientraitance et de la prévention de la maltraitance.
Les professionnels de l’accompagnement des personnes âgées, plus largement des publics dits vulnérables, enfants accueillis en crèches, personnes handicapées admises en établissement ou à domicile, pourront alors travailler dans des cadres définis, repérés et communs de bientraitance. Et ce afin d’éviter/repérer des situations potentielles de maltraitance.
L’enjeu est double. Dans un premier temps, Il s’agit de faire de la bientraitance et de la prévention de la maltraitance une construction culturelle pour que cela devienne un bien moral, un progrès intellectuel, un savoir grâce à l’éducation, la formation de tous les acteurs.
J’appelle de mes vœux cette construction du socle incontournable et indispensable à l’acquisition, dans un second temps, d’une culture de la bientraitance et de prévention des risques de maltraitance. Ces thématiques doivent devenir des sources de compétences, de savoirs, tant au niveau individuel que dans les équipes de travailleurs sociaux et les organisations médico-sociales.
Mieux, cette construction culturelle doit être développée aussi bien sur la thématique de la bientraitance – que je considère comme un droit pour toute personne – mais également sur la prévention du risque de maltraitance. Un préalable à tout processus de prévention des risques.
En 2022, la réalité est qu’un établissement médico-social consacre obligatoirement un budget annuel conséquent (formation, matériel, exercices, contrôles) à la prévention des risques d’incendie. Pourquoi ne pas dupliquer et imposer cette pratique pour la prévention du risque de maltraitance ? Cela constituerait une avancée importante.
Anticipons, les résultats des travaux et l’état des lieux attendus au premier semestre 2023. Je ne doute pas qu’ils proposeront des actions concrètes liées au besoin d’acculturation des professionnels de terrain et de tous les acteurs, aidants, œuvrant auprès des personnes les plus vulnérables de notre société.
Même si le parallèle peut sembler osé, à l’image du défi climatique, il n’y a plus de temps à perdre pour notre génération de citoyens. Nous devons absolument prioriser ces enjeux de bientraitance et de prévention de la maltraitance car il s’agit du présent de nos parents et de notre avenir.
ANNE PICARD est la créatrice des labels Crèche Bien Traitante et établissement Bien Traitant destiné aux Ehpad. 51 établissements disposent de ce label en France. Dotée d’une expérience de plus de 20ans dans ce domaine, elle dirige aussi le cabinet AX’AIDE spécialisé dans la formation des personnels du secteur médico-social.